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FMR a fêté ses 40 ans à Borderouge
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30237
Et voilà, Vidéo en Poche c’est fini, le compteur s’arrête à 30237 copies vendues sans DRM sur clés USB ! À bientôt dans le cyberespace indépendant et surtout IRL dans les salles de cinéma :)Le 30 novembre à minuit, Vidéo en Poche a tiré sa révérence et retourne dans sa bouteille de ...

Install-party samedi 18 juin à Tournefeuille
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DIRTY, DIFFICULT, DANGEROUS

Wissam CHARAF - Liban / France 2022 1h26mn VOSTF - avec Clara Couturet, Ziad Jallad, Rifaat Tarabey, Darina Al Joundi... Scénario de Wissam Charaf, Hala Dabadj et Mariette Désert.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

DIRTY, DIFFICULT, DANGEROUSGrâce soit rendue aux cinéastes talentueux qui, traitant d’un sujet social ou historique grave et par essence tragique, fuient comme la peste le pathos tire-larmes et le misérabilisme sociologisant pour choisir la fable, la poésie, voire l’humour. Le modèle qui vient tout de suite à l’esprit est évidemment Charles Chaplin mais il n’est évidemment pas le seul (on en citera un autre en fin de texte). Le cinéaste libanais Wissam Charaf est de ceux-là. Fidèle à Beyrouth, sa ville, dont il a connu enfant les destructions et la guerre qui l’ont déchirée, il avait déjà dans Tombé du ciel (2016) raconté sur un mode tragicomique l’impossible réinsertion de miliciens inadaptés à la paix. Il nous donne à voir avec ce nouveau film la Beyrouth actuelle, en plein chaos économique, marquée par l’afflux des réfugiés syriens qui tentent de survivre dans un climat d’hostilité croissante.

Mais le film commence loin de cela, par une scène très forte : dans une église couverte d’icônes, chante un superbe chœur de femmes dont on comprend qu’elles sont Éthiopiennes. Peu importe la signification de leurs chants, c’est surtout la sororité dégagée par le groupe qui irradie le spectateur. Ce chœur traduit une réalité : celle des nombreuses domestiques ou aides de vie éthiopiennes qui servent dans les familles de la bourgeoisie libanaise, s’occupant en particulier des personnes âgées, dans des conditions confinant souvent à l’esclavage moderne. Mehdia est de celles-là : elle a en charge un vieil homme proche de la démence, obsédé par le Nosferatu de Murnau, au point de la réveiller parfois en pleine nuit, en singeant son héros vampire ! Le seul secret et échappatoire de la jeune femme est l’amour qu’elle porte à Ahmed, un réfugié syrien qui vit de la récupération de ferraille, un travail sale, difficile et parfois dangereux – ce qui explique le titre du film.
Dans ce monde au bord de l’explosion, où l’absence de liberté se conjugue à la précarité et à la pauvreté extrême, l’amour entre ces deux personnages taiseux est montré comme une bulle magique. Un amour qui se blottit là où il peut, dans des bâtiments en ruine, ou, par un improbable concours de circonstances, ans un hôtel de luxe ou encore dans le camp de réfugiés où Ahmed retrouve les siens. Lequel Ahmed est frappé d’une étrange maladie : son bras semble progressivement envahi par le métal… Conséquence fantasmée de son métier dirty, difficult, dangerous ? Ou allusion allégorique à l’empreinte ineffaçable de la guerre ? Les deux sans doute.

Œuvre d’une remarquable originalité qui dénonce avec subtilité les travers de ses contemporains, le film de Wissam Charaf brille par ses fulgurances de mise en scène, son sens du cadre inné et son ton génialement décalé. On ne peut s’empêcher de penser à Aki Kaurismaki pour cette façon nonchalante autant que tendre de filmer des personnages ingénus qui semblent flotter au dessus du monde cruel dans lequel ils sont obligés de vivre. Très beau.