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LES FILLES D’OLFA

Écrit et réalisé par Kaouther BEN HANIA - documentaire 2023 1h48 - avec Hend Sabri, Nour Karaoui, Ichraq Matar, Majd Mastoura et dans leurs propres rôles Olfa Hamrouni, Eya Chikaoui, Tassyr Chikaoui... Festival de Cannes 2023 – Œil d’or du Meilleur film documentaire.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

LES FILLES D’OLFATout part de l’histoire, fortement médiatisée en Tunisie, d’Olfa Hamrouni. Olfa, la mère courage, mère célibataire de quatre filles, qu’elle a élevées avec tendresse et néanmoins fermeté dans une Tunisie qui oscille, vacille parfois, entre libéralisation des mœurs et rigorisme islamique. Quatre filles aussi dissemblables que peuvent l’être, à quelques années d’écart, les membres d’une sororie pareillement éduquée dans le respect des traditions, mais ouverte aux vibrations du monde, pouvant pour certaines allier une foi sincère et une passion dévorante pour les décibels tueurs de tympans du death metal. Quatre filles nées et élevées dans un rapport ambigu aux hommes et au mariage, par une femme mariée de force à un homme qu’elle ne désirait pas et qui n’aura eu de cesse, de viols matrimoniaux en amours déçus, de maîtriser, seule, sa vie et celle de ses enfants. Quatre filles dont on apprend au début du film qu’il ne lui reste à présent que les deux cadettes – les deux aînées sont parties depuis des années rejoindre Daesh via la Lybie, « dévorées par les loups ».

Olfa et ses filles, c’est alors du pain béni pour les médias tunisiens, qui n’en finissent pas de jouer des réactions contrastées que l’affaire suscite dans la société, entre empathie ou au contraire stigmatisation de la mère. Mais pour Olfa et ses filles, l’urgence est à l’apaisement, à la compréhension et à la reconstruction. Plutôt que de se lancer dans le documentaire qui lui démangeait la caméra, Kaouther Ben Hania, cinéaste tunisienne reconnue (Le Challat de Tunis, La Belle et la meute…), leur propose alors de tenter de mettre en place autre chose. Un objet hybride entre doc, fiction, chronique, journal de bord… un dispositif dont elles auraient le contrôle et qui leur permettrait, en se racontant, d’expliquer et de comprendre les rouages de leur histoire, de se redécouvrir, pourquoi pas de panser leurs plaies. Et ô miracle !, ça marche !

Les Filles d’Olfa est donc un film qui raconte le film en train de se faire : une fiction où les deux filles absentes sont incarnées par des actrices, Olfa elle-même ayant une « doublure » pour les scènes émotionnellement trop difficiles – les deux sœurs cadettes désormais proches de l’âge adulte jouant leur propre rôle. Tout en bienveillance et en pudeur, la réalisatrice guide à peine les échanges, laisse les trois femmes raconter les scènes, se compléter, parfois se contredire sur un détail – et diriger elles-mêmes les comédiennes qui incarnent les sœurs et la mère. Ce pourrait être austère, froid, théorique, conceptuel, prétentieux, bref : somptueusement emmerdant… or, non ! C’est beau, c’est frais, c’est juste – c’est même joyeux – et subtilement émouvant. Une fois n’est pas coutume, une véritable « magie du cinéma » (la fameuse !) opère, et le dispositif, pourtant plus que visible, s’oublie instantanément, se fond harmonieusement dans cette histoire superbe, poignante, qui reprend vie sous nos yeux embués. Sans une once de voyeurisme, l’émotion, parfois jouée, parfois simplement captée, affleure à chaque instant, passant du drame au tragi-comique dans des enchaînements que de toute évidence seule la vie sait scénariser.
On ne sait pas si le film aura contribué à « guérir » Olfa et ses deux filles de cette perte, mais on est profondément reconnaissant envers Kaouther Ben Hania d’avoir su, avec toute la douceur du monde, entrouvrir une porte sur leur histoire, troublante, bouleversante. Et nous nettoyer la tête de bien des préjugés.